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Usul II : le retour du fils de la vengeance (1ère partie)

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Vous n'êtes pas sans savoir que j'élève depuis bientôt trois ans dans mon placard une bête modeste mais ma foi fort pratique : un home server nommé Usul. Elle est d'ailleurs régulièrement citée dans ce blog pour être de toutes mes bidouilles et représenter une part importante du panel des services que je me constitue afin de profiter de tout ce que l'informatique moderne (et libre, de préférence) peut nous offrir.

Usul I dans son... placard

Usul I dans son... placard

Crise de la quarantaine, 2CV et comparaisons douteuses

Pour ses trois ans, je souhaitais faire quelque chose de spécial. C'est vrai, trois ans c'est important, ça doit bien faire quarante ans en âge humain.

C'est l'âge des remises en question, où l'on jette un oeil derrière soi pour regarder ce que l'on a accompli, où l'on espère que la deuxième moitié de la vie ne sera pas trop dure avec nous, que nous pourrons encore profiter de celle-ci.

Même si notre processeur nous demande parfois de ralentir le rythme, même si notre mémoire nous fait parfois défaut – surtout la nuit quand tous les crons de mises à jour s'empilent et qu'on se réveille le lendemain avec un mal de swap –, on se dit qu'on se moque bien de tous ces jeunes PC, de leurs cores hyperthreadés et de leurs gigaoctets de RAM, car nous, nous n'avons jamais failli. Nous avons été là et nous avons bien servi, sans ventirad ni artifices.

Usul II : le retour du fils de la vengeance (1ère partie)

Alors bien sûr, quelques douleurs s'installent pernicieusement au fil du temps. Si cette génération a évité le fléau du mal de DOS qui a touché tant d'anciens, celui des OS existe encore.

Un jour on soulève un paquet un peu lourd pour l'installer, on ne suit pas les instructions, et des fichiers corrompus se retrouvent dans notre système, le ralentissant lentement. Au début on ne s'en rend pas compte. Puis les petits problème s'accumulent, et quand enfin on fait un check-up, on ne peut que constater la perte de nos aptitude.

Mais point de fatalisme dans le diagnostic. Après tout, tant que nos composants sont intacts, que les électrons circulent dans nos circuits et que l'on ne reboote pas tous les matins, on peut s'estimer heureux et apprécier de voir le soleil se lever tous les jours (derrière la porte du placard qui nous protège de la poussière).

Oui je parle toujours du PC, suivez un peu.

Quelque chose de spécial pour ses trois ans donc. Quand j'ai acheté cette machine en 2010 c'était déjà une antiquité malgré son plastique rutilant.

Un peu comme acheter une 2CV neuve aujourd'hui : elle pourra toujours vous conduire d'un point A à un point B mais faire 800 Km d'autoroute dans la journée va sérieusement compliquer les choses (loin de moi l'idée de me moquer des 2CV, j'adore cette voiture). Avec son Atom 230 de toute première génération, son giga de RAM et son chipset réseau Ethernet 100, il n'était pas étonnant que des opérations telles que du transcodage et du multi-processus important avec des applications Java, le tout avec une sollicitation réseau parfois forte, ressemblent aux 800 Km d'autoroute en 2CV !

C'est la raison pour laquelle j'ai presque immédiatement ajouté des jantes alu et un spoiler... je veux dire, un giga de RAM supplémentaire et une carte réseau gigabit pour parer aux pics de charge.

Cette configuraion s'est révélée suffisante dans la plupart des situations pendant trois ans, et lorsque je voyais que certains programmes amenaient l'aiguille dans le rouge, dans le meilleur des cas je pouvais paramétrer les ressources allouées et limiter la casse. Sinon je me faisais une raison et supprimais simplement le programme en question (ce fut notamment le cas de Yacy et Freenet).

C'était loin d'être idéal évidemment, mais je m'en contentais.

Et là, c'est le drame

Puis vint le moment où je réalisai que je passais plus de temps à monitorer la charge système et déshabiller Pierre pour habiller Paul - comprendre : retirer des ressources à un programme pour les donner à un autre (Pierre et Paul sont de très bons amis mais je n'oserais jamais en déshabiller un pour habiller l'autre) - qu'à simplement faire avec ce serveur ce que j'avais justement apprécié de faire les premiers temps : l'oublier. Savourer le "juste marche". J'ai alors commencé à consulter LDLC, Materiel.net et consorts, juste pour me "faire une idée", "m'amuser", mais certainement pas pour acheter...

Et merde.

Oui je suis faible. Mais dans ma faiblitude (copyleft), j'ai quand même bien pesé le pour et le contre, hésité et retardé le passage à la caisse de plusieurs jours, afin de m'assurer de concocter la configuration la plus adaptée à mon besoin. Il était notamment indispensable que celle-ci soit au moins aussi économe en énergie que l'actuelle, voire plus économe encore. Il fallait aussi qu'elle accepte 4 Go de RAM, un des points faibles que je souhaitais améliorer. Et bien sûr, serveur oblige, il fallait qu'elle dispose d'une interface Ethernet gigabit.

La carte mère et le processeur

Après une recherche plus longue que je n'aurais pu le penser de prime abord (à croire que personne ne monte ce genre de configuration de nos jours), je suis finalement tombé sur une carte mère Asrock mini-ITX modèle AD2550-ITX qui répondait complètement à mes exigences. Celle-ci est équipée d'un processeur Atom D2550 dual-core avec hyper-threading, directement soudé dessus comme c'est d'usage pour ce type de CPU.

Le comparatif des caractéristiques fourni par Intel laisse apercevoir quelques évolutions bienvenues entre mon ancienne configuration et la nouvelle : tout d'abord on change d'architecture, de Diamondville à Cedarview. Cela se traduit par le changement du type de RAM : de DDR2-533 vers DDR3-1066. Ensuite, on gagne un core physique, soit deux cores logiques puisque le CPU supporte l'hyper-threading. La fréquence gagne 260 MHz, mais je ne m'attends pas à ressentir de grosses différences à ce niveau. Par contre le cache L2 double pour passer de 512 Ko à 1 Mo, ce qui entraîne généralement une augmentation significative des performances.

Et ensuite ? Ensuite pas grand chose à vrai dire.

Les deux CPU supportent le jeu d'instructions 64-bit (heureusement !), et aucun des deux ne supporte de technologies de virtualisation (dommage). Le GPU intégré du D2550 (PowerVR SGX545) est certainement plus véloce que celui de son ancêtre mais pour une machine qui n'aura aucun écran... l'intérêt est plus que limité.

Extrait du comparatif Atom 230 / Atom D2550

Extrait du comparatif Atom 230 / Atom D2550

La carte mère de son côté possède un chipset Ethernet "gigabit" intégré (à la différence d'une de ses déclinaisons plus low-cost) même si je ne pense pas obtenir des performances extrêmes avec lui. Le prix est un peu au dessus de ce que j'aurais souhaité, mais bon.

À présent que le coeur de la bête est choisi, passons maintenant à ce qui va tenir les composants ensemble...

Le boîtier

Le panel de choix est ici plus vaste et on retrouve quantité de boîtiers plus designs les uns que les autres, à tous les prix. Je décide d'abord de consulter la Bible des geeks : Canard PC Hardware, CPCH pour les intimes.

J'ai justement souvenir qu'un comparatif de mini-PC avait été publié il y a quelques numéros. Bingo : c'est le n°15.

Canard PC Hardware n°15

Canard PC Hardware n°15

Le dossier, bien que très intéressant (comme toujours), ne présente que des boîtiers extrêmement compacts ne proposant qu'une unique baie 3,5", plus adaptés à héberger un mediacenter qu'un serveur. Nombreux sont ceux qui disposent d'une baie pour lecteur optique (totalement inutile dans mon cas) et tous imposent un agencement interne au poil de cul de mouche tellement l'espace y est compté.

Et surtout, aucun ne permet d'installer une alimentation ATX classique. C'est bien dommage car il est crucial pour moi de ne pas dépendre de formats exotiques qui ne sont pas adaptables à une tour classique et qui ne seront peut-être plus supportés dans quelques années. Il est aussi bien appréciable de pouvoir prendre un composant sur une machine pour le mettre sur une autre au besoin.

C'est finalement dans la section "Test" de ce même numéro que je trouve ce qui semble bien être mon petit Graal du moment : le boîtier Elite 120 Advanced de Cooler Master. Un prix annoncé de 45 € - donc parfaitement dans mon budget - et une note de 9/10, rien que ça !

En y regardant de plus près il s'agit d'un boîtier de 20 litres (donc bien plus volumineux que les mini-PC du dossier, qui ne dépassaient pas les 8 litres) disposant de 4 baies 3,5" (compatibles 2,5" au moyen d'adaptateurs fournis), d'un gros ventilateur de 12 cm en façade, et d'un support pour une alimentation ATX classique. Petit bonus : le cable management est bien pensé et de nombreux points d'ancrage sont disséminés à divers endroits. Parfait compromis ! J'en prends treize à la douzaine.

Test du boîtier CM Elite 120 Advanced par CPCH

Test du boîtier CM Elite 120 Advanced par CPCH

L'alimentation

Restait à trouver l'alimentation qui allait heu... alimenter tout ça. Connaissant la consommation de la configuration actuelle, et celle approximative des composants que j'étais en train de choisir, je savais qu'Usul II n'allait pas réclamer plus de 40W à la prise. Il fallait donc trouver une alimentation adaptée à cette consommation minimaliste.

Je ne m'appesantirai ici pas plus sur ce qu'implique cette contrainte mais sachez seulement qu'une alimentation ATX - même certifiée 80+ - ne peut assurer un rendement correct à 10% de charge. Si on considère toujours les 40W envisagés, sachant que c'est une limite plutôt haute pour la configuration, il faudrait une alimentation de 200W certifiée 80+ pour espérer obtenir ces 80% d'efficacité. On se heurte ici à un problème délicat : plus aucun constructeur ne propose d'alimentation au format standard ATX dans cette gamme de puissance. Le minimum sera plutôt de 300W, et si en plus on veut un modèle de bonne qualité testé par Canard PC, la liste se réduit à peau de chagrin.

Usul I dispose d'un transformateur externe du type même que l'on retrouve sur les portables car il était vendu déjà monté, avec un boîtier et une carte mère spécifiques au modèle (photo de droite).

Là par contre je monte une configuration de zéro, donc impossible d'envisager la réutilisation du transfo existant : la carte mère Asrock que j'ai choisie exige le branchement d'un câble sur son port ATX pour fonctionner.

Mais je me rappelle alors qu'un nouveau type d'alimentation de faible puissance avait justement été testé par Canard PC (toujours eux !) et avait reçu un avis plus qu'élogieux : le PicoPSU. Tiens, c'est d'ailleurs à la fin du dossier sur les mini-PC dans ce même numéro !

Article sur le PicoPSU dans CPCH

Article sur le PicoPSU dans CPCH

Ils y annoncent un rendement de 88% à 60W, un ripple très bas, et bien sûr la compatibilité avec toutes les cartes mères ATX. Seul problème évoqué et que j'ai rapidement pu constater moi-même : la disponibilité en France : quasi-nulle.

Après hésitation sur des sites allemands et anglais, c'est finalement sur le site américain de Mini-Box (qui semble d'ailleurs être le constructeur du PicoPSU) que j'ai commencé à lorgner. J'ai opté pour le kit "PicoPSU-80 + Adaptateur 60W" à 35 $.
Et la livraison en France ? 36 $. Bim. Ramené en Euros, le total passe néanmoins à 54 € environ, ce qui représente un prix moyen pour une alimentation classique hors frais de port. Je tente donc le coup.

Le reste

Pour la RAM, j'ai simplement choisi la barrette de marque la moins chère en SO-DIMM DDR3, en 4 Go évidemment puisque le but était notamment d'augmenter sa capacité par rapport à Usul I. Mon choix s'est donc porté sur une barrette Crucial premier prix, toujours vendue par LDLC (autant grouper pour éviter les frais de port à rallonge) et prévue pour... Mac.

Gné ?

Oui ben c'est une barrette SO-DIMM de DDR3 quoi, qu'elle soit pour Mac ou non je ne vois pas le rapport. Bref.

Pour les disques dur, je vais réutiliser ceux qui équipent déjà mon serveur, et mon objectif ici sera bien entendu de ne pas avoir tout à réinstaller. Mais avec Debian, je pars confiant.

Tout est prêt, je lance les commandes sur les deux boutiques pour un montant total d'environ 200€ (raisonnable non ?) et guette le facteur...

La configuration attendue tiendra-t-elle ses promesses ? Debian acceptera-t-elle le transfert vers une nouvelle plateforme matérielle ? La couche d'ozone sera-t-elle sauvée grâce à la réduction de la consommation énergétique engendrée ? Brooke avouera-t-elle à Bill qu'elle l'aime quand bien même elle porte l'enfant de Sharon qui est sa nièce par alliance ?

Toutes ces réponses et bien d'autres, dans la prochaine partie de cette saga épique !

EDIT : Voir la deuxième partie ici !